Qu'est-ce qu'un enlumineur médiéval ?

L'enluminure, c'est la mise en lumière des phrases qui résonnent en nous, des plus beaux textes de la terre, des mots qui nous transforment et guident nos vies... par le biais de l'or et de la couleur. Richement coloré, le travail de l’enlumineur accompagne celui du copiste. Il illustre son texte, et le mets en valeur. L’enlumineur est un créateur minutieux, un magicien des couleurs, qui continue toujours de nous faire rêver. L’enlumineur n’a pas sa place que dans les livres ! Il peut trouver aussi son activité dans la création graphique de l’identité d’une entreprise. Un entrepreneur peut parfaitement commander un motif minutieux, ou une représentation à la tempera que seul un enlumineur serait capable de faire ! Toute entreprise travaillant aussi bien dans le domaine de la science, de l’art, de l’industrie peut bénéficier du travail d’un enlumineur ! L'enluminure, c'est l'or et la couleur des mots ! L'enluminure a tout aussi bien un rôle décoratif, mais qui peut aussi être lourd de sens et d'énigmes.

L'enlumineur médiéval utilisait du parchemin de veau, de mouton ou de chèvre, en fonction des troupeaux de sa région et de la richesse du commanditaire. La palette de l'enlumineur médiéval était très restreinte : souvent moins de 10 couleurs. Les pigments provenaient de minéraux, de végétaux, de terres ou d'animaux. Ces pigments étaient préparés à la détrempe, qui pouvait être composée de blanc d'oeuf, de miel, de colle de poisson, de gomme d'arbres fruitiers, de clou de girofle, etc. L'enlumineur n'était souvent qu'un coloriste, il intervenait lors de la création d'un livre après la personne chargée de la mise en page, le calligraphe, le dessinateur. Aujourd'hui, le travail de l'enlumineur ne se limite pas à la pose des couleurs, il décide de la mise en page, calligraphie le texte, crée les dessins, les met en couleurs. Par la copie, l’enlumineur conserve la mémoire du passé, il y perfectionne son savoir et retrouve les gestes et techniques d’autrefois. L’enluminure est un art qui s’exerce dans la durée et qui demande une précision infinie, il faut parfois plus de cent heures à l’enlumineur pour réaliser une œuvre.

L’enlumineur avait pour mission de décorer les manuscrits en y ajoutant des lettres ornées, des miniatures et des motifs colorés. Son travail ne se limitait pas à l’esthétique, il participait aussi à la mise en valeur du texte en facilitant sa lecture grâce à une hiérarchisation visuelle. Il travaillait en étroite collaboration avec le copiste, qui recopiait le texte, et le relieur, qui assemblait les feuillets. Les enluminures étaient souvent réalisées dans des monastères par des moines copistes, mais au fil du temps, des ateliers laïcs spécialisés ont émergé, notamment dans les grandes villes comme Paris ou Bruges. Les enlumineurs utilisaient des pigments précieux tels que le lapis-lazuli, l’or ou le vermillon, témoignant du prestige accordé à ces ouvrages, souvent commandés par l’aristocratie ou l’Église. L’enlumineur suivait un processus rigoureux pour réaliser ses œuvres. Tout débutait par le tracé des contours au moyen d’une pointe fine. Ensuite, il appliquait des pigments préparés à partir de minéraux broyés et mélangés à un liant. Les couleurs étaient superposées pour obtenir un effet de profondeur et de brillance. L’enluminure ne se contentait pas d’embellir, elle servait aussi à marquer le caractère sacré d’un texte religieux ou la valeur d’un traité savant. Les manuscrits enluminés constituaient des symboles de pouvoir et de prestige, détenus par des rois, des évêques ou des érudits. Les enluminures participaient également à l’éducation et à la transmission des savoirs. Grâce aux illustrations, les textes devenaient accessibles même aux personnes illettrées. Les bestiaires, par exemple, mélangeaient descriptions animales et morales sous forme d’images fascinantes. Ce rôle pédagogique faisait des enluminures un outil essentiel pour la diffusion des connaissances.

Un enlumineur médiéval était un artisan spécialisé dans la création d'enluminures. En fait, à la grande époque médiévale de l’enluminure, chacun était spécialisé à sa tache : le parcheminier, le broyeur de couleurs, le calligraphe et l’enlumineur. Lorsque l’enluminure est devenue moins répondue, les ateliers ont diminués en taille et l’enlumineur a dû être calligraphe par la force des choses. C’est toujours le cas aujourd’hui. Par contre, tous les calligraphes ne sont pas enlumineurs.